La réglementation familiale sous l’Ancien Régime

Extrait lu sur le site :

http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article1621


jeudi 22 janvier 2009, par Thierry Sabot
 

Avec cet article, je vous propose une lecture transversale des thématiques de Contexte.

Sous l’Ancien Régime, quelles sont les décisions royales qui réglementent la vie familiale de nos ancêtres ?

Sous l’Ancien Régime, à l’échelle du royaume, le pouvoir central s’occupe progressivement de domaines qui parfois encore échappaient à sa compétence (famille, droit privé, hôpitaux...). Ainsi, au cours des siècles, à plusieurs reprises, l’Etat intervient directement dans le domaine social et notamment sur la législation relative à la famille. Petit tour d’horizon des édits, ordonnances et arrêts qui agissent sur la vie quotidienne de nos ancêtres :

1) Les mesures sur la constitution de l’état civil :

Art. 51 : « Aussi sera faict registre en forme de preuve des baptêmes, qui contiendront le temps et l’heure de la nativité, et par l’extrait dudit registre, se pourra prouver le temps de majorité ou minorité et sera pleine foy à cette fin. »
À noter que la même année, un des canons du concile de Trente oblige les curés à tenir un registre des baptêmes avec mention des parrains et des marraines, car ceux-ci ne peuvent épouser leurs filleuls. Le mariage devient un acte solennel avec présence d’un prêtre et célébration publique. Pour éviter la bigamie, l’époux étranger à la paroisse doit présenter une autorisation de célébration rédigée par le curé de sa paroisse. Les évêques peuvent désormais délivrer des dispenses nécessaires pour le mariage des cousins au 3e degré (enfants de cousins germains) et au 4e degré (petits-enfants de cousins germains). Le Saint-Siège continue à délivrer les dispenses entre oncle et nièce et entre cousins germains.

Article premier : « Dans chaque paroisse de notre royaume, il y aura deux registres qui seront réputés tous deux authentiques, et feront également foi en justice, pour y inscrire les baptêmes, mariages et sépultures, qui se feront dans le cours de chaque année, l’un desquels continuera d’être tenu sur du papier timbré dans les pays où l’usage en est prescrit, et l’autre sera en papier commun, et seront lesdits deux registres fournis aux dépens de la fabrique, un mois avant le commencement de chaque année. »

2) La protection du « part » (de l’enfant) :

Vers 1638-1640, pour remédier à la déplorable situation des enfants abandonnés, Vincent de Paul et les filles de la Charité fondent l’Oeuvre des Enfants trouvés.
À partir de 1650, multiplication des conceptions prénuptiales (cf. les registres paroissiaux). Dans la seconde moitié du XVII° siècle, pour contourner les mesures prises contre les mariages clandestins, non solennels, la pratique du mariage à la Gaulmine se répand dans la population (selon l’exemple de Gilbert Gaulmin) : tirant prétexte du fait que le curé n’est chargé canoniquement que de recevoir le consentement des intéressés, ceux-ci se présentent avec deux notaires devant le prêtre. Ces derniers enregistrent le refus du curé de célébrer l’union et la volonté des futurs époux de se marier. L’exigence de la publicité, des témoins et de la présence du curé étant ainsi respectée, l’Eglise ne peut que reconnaître la validité de ces mariages... mais pas le Parlement qui les annule.
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Le nouveau-né, détail d’après l’adoration des bergers par G. de la Tour, 1645.

3) Les mesures sur le mariage :

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L’Accordée de Village, tableau de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)
Au début du XVII° siècle, instauration de la sommation respectueuse : il s’agit d’une procédure qui permet aux filles de plus de 25 ans et aux garçons de plus de 30 ans de se passer du consentement de leurs parents à leur mariage. La requête est rédigée par un notaire ou un avocat auprès du lieutenant général de la sénéchaussée. Le procureur, accompagné de 2 témoins, se rend ensuite chez les parents des jeunes gens pour effectuer trois sommations. Le plus souvent, sous la pression indirecte du village, les parents récalcitrants finissent par céder à la demande de leurs enfants. (séries B et E des AD).
Selon Anne Fillon, c’est dans la première moitié du XVIII° siècle que la formation du couple et notamment l’officialisation de la fréquentation font désormais l’objet d’un cérémonial : des cadeaux, dont notamment une bague, remplacent la pièce d’argent autrefois offerte en arrhes devant le père de la promise (cf. les contrats de mariage, très nombreux au XVIIIe siècle, souvent rédigés dans la même journée que le mariage, et qui montrent la tendance à l’égalité des apports des deux futurs époux).

Source :
 Thierry Sabot, Contexte, guide chrono-thématique, Roanne, 2007.

P.-S.

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Notes

[1]Revenu attaché à une charge ecclésiastique et issu de biens d’Eglise (dîmes, rentes...).

[2]Discours de piété ou annonces que le prêtre fait à la messe du dimanche.

[3]Mariage contracté sans le respect des formalités réglementaires (pas de bans, pas de témoins, absence de curé).

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